Hommage à Georges Noël

Dans le cadre de la commémoration du centenaire de la naissance du peintre Georges Noël (déc. 1924-2010), plusieurs actions seront proposées au musée des beaux-arts en hommage à cette figure majeure de l’abstraction française qui a grandi, étudié et débuté sa carrière professionnelle à Pau.
Georges Noël est un artiste dont le parcours et la reconnaissance sont largement établis en Europe et en Amérique du Nord.
L’exposition présentée en 2006 au musée des beaux-arts de Pau, de par son ampleur, a contribué à diffuser son œuvre à l’échelle locale.
La commémoration du centenaire de sa naissance, offre une nouvelle occasion au musée des beaux-arts de Pau, propriétaire de deux œuvres de l’artiste, de célébrer un des peintres français les plus importants de sa génération.

Biographie de l’artiste 

Georges Noël est né en 1924 à Béziers, et a grandi à Pau. Après des études d'ingénieur et de peinture, il devient concepteur-dessinateur pendant neuf ans à l'entreprise d’aéronautique Turboméca à Pau.  En 1956, il s'installe à Paris afin de se consacrer entièrement à la peinture.  Dès lors, il se passionne pour Dubuffet et Klee, Pollock et Fontana; il découvre les photographies de graffiti de Brassai.  Attiré par le dessin et l’"écriture automatique", bien que peu intéressé par le Surréalisme, il invente aussitôt un support personnel que l'on retrouvera tout au long de son œuvre : un mélange de pigments purs, de sable et de colle qui produit une surface brute, granuleuse ou veloutée, selon la volonté de l’artiste. Cette matière se prête à son écriture sous toutes ses formes, qu'elle court en surface ou qu'elle y soit incise, ou bien qu'elle arrache ou triture les fonds. Son vocabulaire de signes, mystérieux et magiques, porte l’empreinte de sa fascination pour les cultures préhistoriques, archaïques et tribales.  Dans ces “Palimpsestes,” terme cher à l'artiste, la matière et les signes sont, par leur superposition et leur effacement successifs, l'expression de couches de mémoire, d'émotions, et de sens.

Si la peinture de Georges Noël montre une diversité stylistique peu commune à travers ses cinquante années de carrière, une matière somptueuse et une écriture (toujours renouvelée) restent plus ou moins constantes. L’artiste a par ailleurs beaucoup dessiné, et ses œuvres sur papier montrent le même travail sur les fonds et la même écriture spontanée et fantasque. Travailleur infatigable, il s'est également essayé à la sculpture et a réalisé de nombreuses estampes (principalement des gravures sur bois).

Représenté par la Galerie Paul Facchetti dès 1957 et jusqu'à la fin des années soixante, Georges Noël a beaucoup exposé en Europe et aux Etats Unis.  Durant cette période, sa peinture est associé à l'art "informel" français et italien. L'utilisation par l'artiste de papiers marouflés et déchirés rappelle son admiration pour Fontana, sans oublier l'amitié qui le lie à l'époque à Raymond Hains, François Dufrêne, et Jacques de la Villéglé. 

En 1968, Georges Noël s'installe à New York où il est représenté par la Pace Gallery et la Gallery Arnold Herstand. Sous l'influence américaine, son œuvre devient plus structurée et architectonique.  De retour en France en 1983, il prépare une exposition importante à l’Abbaye de Senanque et, en 1985, une rétrospective au Centre national des arts plastiques à Paris. Son évolution picturale montre une synthèse entre la gestualité de ses débuts et une structure sous-jacente mise en place pendant sa période américaine.  À partir de ces années-là, il expose régulièrement en Italie, en Allemagne et au Japon où son œuvre est particulièrement appréciée.

Les dernières expositions parisiennes de Georges Noël ont eu lieu à la Galerie Thessa Herold en 2008, 2010, 2013 et 2017, et à la Galerie Catherine Putman en 2008, 2009 et 2011. En 2015, le Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris lui consacre une exposition à l'occasion d'un achat important et d'un don. En 2021-2022, la Galerie Dutko à Paris a montré une sélection rétrospective de ses peintures. À partir du mois de décembre 2022, l'artiste est représenté pour la France par la Galerie Christophe Gaillard à Paris et à partir de décembre 2023 pour l'Espagne par la Galeria Marc Domènech à Barcelone.

Artiste prolifique, son œuvre fait partie de nombreuses collections privées et publiques à travers le monde. 

Zoom sur une œuvre

Sans Titre, 1964, technique mixte et collage sur  papier, 92,2 x 61 cm

Georges Noël a passé toute sa jeunesse à Pau. Après avoir secondé son père sur des chantiers de rénovation, il intègre le bureau d'études de Turboméca, célèbre entreprise d'aéronautique, où il exerce le métier de dessinateur-projeteur.

Installé à Paris en 1957, il découvre l'actualité artistique de l'époque en s'imprégnant notamment du travail de Jean Dubuffet ou des célèbres photographies de graffitis de Brassaï. Il entretient par ailleurs des relations amicales avec Arman, Yves Klein ou Raymond Hains et soutient d'autres protagonistes du Nouveau Réalisme comme  François Dufresne ou Jacques de La Villeglé.

En 1959,  il expose à la galerie Paul Facchetti ses premiers Palimpsestes, initiant une thématique appelée à jouer un rôle central dans son œuvre. Féru des civilisations extra-européennes où symbolisme et signes se superposent à sa propre expérience plastique, Georges Noël poursuit alors une démarche créatrice dans laquelle la gestualité occupe une place essentielle.

Datant de 1964, ce brillant dessin a probablement été réalisé aux Etats-Unis lors de son tout premier séjour outre-Atlantique. Sur une trame de papier épais, l'artiste a disposé de façon aléatoire des fragments de journaux américains à côté de simples papiers découpés. On retrouve dans cet agencement un des principes chers à l'approche de Georges Noël, soit l'idée de recouvrement et de stratification du support, synonyme d'épaisseur et de densité du signifié. Revenant sur la surface de cet agglomérat de matières, il a ensuite appliqué de façon irrégulière un camaïeu de pigments où dominent les tons roux, vert mousse et bleu turquin. Puis, comme saisi par un état de transe, il a tracé un écheveau de traits et de griffures d'un noir intense, découvrant ainsi une sorte de paysage lagunaire scandé par des signes où l'on croit deviner les traces d'une calligraphie archaïque. Palimpseste à rebours, ce dessin révèle la primauté du geste sur les alignements symétriques du papier imprimé et  inverse le cours du temps en exaltant l'insoumission de l'artiste devant la notion de progrès.

Tel un archéologue du signe, Georges Noël restaure et reconstitue ainsi un  alphabet mystérieux, pénétré d'une signification symbolique dont le sens, de même que les hiéroglyphes d'un codex maya, nous échappe et nous transporte pourtant dans les limbes de la civilisation.

LA PROGRAMMATION

Visite flash
Georges Noël et l'abstraction - Mercredi 29 octobre - 12h - durée : 30 min - payant, sur inscription au musée
Projection vidéo
D'octobre à novembre, diffusion dans le musée du documentaire Georges Noël : L'écriture du chaos, de Luc Jean-Baptiste

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